Quelques Finlandaises remarquables à connaître (vous avez bien lu : ce sont toutes des femmes)

Si nous vous présentons ici une liste de Finlandaises ayant chacune quelque chose d’extraordinaire, ce n’est pas seulement à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes qui se célèbre le 8 mars, mais parce que ces différentes personnalités pourraient tout aussi bien être mises à l’honneur tous les autres jours de l’année.

L’égalité des genres reste aujourd’hui une question essentielle partout dans le monde, alors que pour les Finlandais, il s’agit d’un principe directeur important depuis déjà bien longtemps.

Les portraits qui suivent vous familiariseront avec des femmes tantôt contemporaines, tantôt appartenant d’ores et déjà à l’Histoire, dont vous remarquerez d’ailleurs en passant qu’elles représentent les champs d’action les plus divers au sein de la société : elles ont été ou sont artistes, championnes sportives, musiciennes, femmes politiques, écrivaines ou se sont illustrées dans bien d’autres métiers encore.

En 1906, la Finlande est devenue le premier pays au monde à accorder aux femmes tous leurs droits politiques et civiques, à savoir à la fois le droit de vote (une première en Europe) et le droit de se présenter à des élections. À l’heure actuelle, dix des 19 ministres du gouvernement finlandais sont des femmes, comme c’est le cas de 92 des 200 membres du Parlement (46 %).

Notre galerie de portraits de femmes finlandaises remarquables vous présente certaines des femmes dont le rôle aura consisté à ouvrir la voie aux générations de femmes à venir, ainsi que d’autres figures féminines qui ont justement bénéficié de ces efforts historiques et qui continuent aujourd’hui à aller de l’avant. À leur tour, elles servent d’exemples inspirants pour la génération suivante.

La liste des personnalités que nous vous invitons à découvrir ici est certes incomplète, car si nous devions y faire figurer toutes les personnes qui le méritent, ce sont des millions de femmes que se devrait de mentionner notre article (veuillez noter que certains des liens qui suivent renvoient vers des pages et des textes uniquement disponibles en version anglaise).

Sanna Marin

Une femme est assise sur une terrasse couverte tandis que des arbres aux feuillages fournis et verdoyants apparaissent derrière elle.

La Première ministre Sanna Marin a pris ses fonctions peu après son 34ème anniversaire, devenant le plus jeune chef du gouvernement de l’histoire de la Finlande.
Photo : Laura Kotila/Secrétariat général du gouvernement

La Première ministre finlandaise Sanna Marin (née en 1985) a attiré l’attention dès sa prise de fonctions en décembre 2019, soit moins d’un mois après son 34ème anniversaire. À l’époque, elle était la plus jeune Premier ministre au monde et la plus jeune titulaire de ce poste de l’histoire finlandaise. Elle est la troisième femme Premier ministre du pays. Par ailleurs, les médias n’ont pas manqué de relever que les quatre autres partis constituant l’actuelle coalition gouvernementale finlandaise sont présidés par des femmes.

Dans un article consacré à Marin paru en avril 2020, l’édition américaine de Vogue écrit que la Finlande « joue carrément dans la cour des grands pour tout ce qui relève du soft power : l’égalitarisme, les prestations sociales et une démarche écologique d’avant-garde, trois domaines qu’incarne précisément Marin ». À l’heure où le magazine américain publiait cet article, la lutte qu’allait mener la Finlande contre le coronavirus ne faisait que commencer.

En février 2021, le magazine TIME a quant à lui fait figurer Marin dans sa liste annuelle TIME 100 Next des « cent leaders mondiaux émergents qui sont en train de façonner l’avenir ».

Tove Jansson (et la Petite Mu)

Une femme est occupée à peindre une vaste toile mettant en scène des personnages faisant un pique-nique, tandis qu’un homme observe l’artiste en pleine action. Dans l’un des angles de la photo, on remarque un dessin à l’encre distinct représentant un petit personnage féminin aux mains posées sur ses hanches.

Tove Jansson travaille sur sa fresque intitulée en suédois Fest på landet (« Fête à la campagne »), une œuvre de 1947 désormais exposée en permanence au Musée des beaux-arts d’Helsinki ; derrière elle, son assistant Niilo Suihko observe la progression de la composition du tableau. Dans l’encart en haut à droite de la photo, on découvre par ailleurs la Petite Mu, un personnage récurrent des aventures des Moumines bien connu pour n’avoir peur de rien malgré sa toute petite taille.
Photo : Foto Roos/Musée des beaux-arts d’Helsinki (illustration : Tove Jansson/Moomin Characters Ltd)

L’écrivaine et artiste plasticienne Tove Jansson (1914-2001) est surtout connue comme créatrice des Moumines, ces petits personnages aussi amusants que philosophes dont on suit les aventures au fil de neuf romans et de nombreux albums illustrés, séries de bandes dessinées et films d’animation. Après avoir écrit et illustré les livres et albums des Moumines, aujourd’hui publiés dans plus de 50 langues, Jansson est probablement à ce jour la personnalité artistique finlandaise la plus célèbre et l’auteur finlandais le plus connu dans le monde. Elle a également composé d’autres romans et nouvelles et a connu une carrière prolifique d’illustratrice et de peintre. Jansson a écrit tous ses ouvrages en suédois, l’une des deux langues officielles de la Finlande.

La popularité des Moumines tient en partie à la façon souvent humoristique dont ils reflètent les traits de caractère humains, rappelant parfois aux lecteurs des personnes qu’ils connaissent dans la vraie vie. L’un des personnages féminins des aventures des Moumines appartenant à cette catégorie précise est la Petite Mu. Bien que de toute petite taille, celle-ci n’a jamais peur de rien. Dans un livre, elle a l’audace d’aller faire du patin à glace sur la mer gelée ; dans un autre, elle n’hésite pas à mordre un lion à la patte. Elle dit toujours ce qu’elle pense, évaluant les situations avec une sorte d’honnêteté brutale : si ce comportement peut la faire passer pour peu commode, il n’en a pas moins fait d’elle l’un des personnages préférés des fans des Moumines.

À bien des égards, Jansson était elle aussi adepte d’un comportement et d’un mode de vie hors norme. Pendant un temps, elle a vécu avec un homme hors liens du mariage, ce qui allait à l’encontre des normes sociales communément admises à son époque. Elle eut par ailleurs plusieurs relations suivies avec des femmes, ce qui constituait encore un délit passible de poursuites judiciaires en Finlande au milieu du 20ème siècle. Ces dernières années, les communautés homosexuelle et féministe ont attiré à juste titre l’attention sur cet aspect bien précis de l’héritage que nous a laissé Jansson.

Armi Ratia

Une femme en chemisier à rayures se tient au milieu de deux portants chargés d’articles vestimentaires présentant eux aussi des rayures du même type.

Fondatrice de l’entreprise de design textile Marimekko, Armi Ratia a réussi à rendre célèbres ses modèles et motifs dans le monde entier.
Photo : Gustav Wahlsten/Lehtikuva

Dans un documentaire de 1976, le journaliste qui l’interviewait posa la question suivante à Armi Ratia : « D’où vous est venue l’idée et le courage de tenter l’aventure de l’internationalisation ? » Voici la réponse qu’elle fit : « On peut naître courageux ou courageuse, ou bien on peut le devenir par nécessité. » Elle n’a cependant pas précisé laquelle de ces deux options s’appliquait à elle.

Ratia (1912-1979) a fondé Marimekko, une entreprise de design textile dont les imprimés et articles de prêt-à-porter sont devenus célèbres dans le monde entier. « Je m’intéresse à ce qui est nouveau, à l’inattendu », déclare-t-elle dans le documentaire, ajoutant : « Et ce qui m’intéresse aussi tout particulièrement, ce sont les choses impossibles, tout ce qui est difficile. »

Il s’est vérifié en effet qu’impossible n’était pas finnois pour Ratia et Marimekko quand l’entreprise a fini par connaître un succès planétaire. Jacqueline Kennedy était célèbre pour les robes Marimekko qu’elle portait volontiers dans sa vie publique, tandis que de nombreux textiles d’ameublement aux motifs créés par la maison finlandaise sont devenus iconiques en étant d’ailleurs toujours en production aujourd’hui.

Tarja Halonen

Une femme sourit face caméra.

La présidente finlandaise Tarja Halonen assiste en 2011 à New York à une réunion de la fondation Clinton Global Initiative.
Photo : Daniel Berehulak/Getty Images/AFP/Lehtikuva

La première femme présidente de la Finlande Tarja Halonen (née en 1943) a occupé ses fonctions pendant deux mandats de six ans, de 2000 à 2012. Avant cela, elle avait été députée pendant 21 ans, occupant par ailleurs plusieurs postes ministériels. Auparavant encore, elle avait travaillé comme juriste à l’Organisation centrale des syndicats finlandais.

À un certain moment de son premier mandat présidentiel, les sondages ont mis en évidence un taux d’approbation de sa politique de 88 %. Elle obtenait régulièrement de bonnes appréciations de la part des sondés dans toutes les régions du pays comme dans toutes les catégories de la société. Tout au long de son parcours politique, Halonen n’a eu de cesse de viser à consolider les droits des travailleurs ainsi que ceux de nombreuses minorités. Le développement durable a été un autre de ses objectifs. La page de sa présidence tournée, elle a aussi œuvré et œuvre toujours au sein de plusieurs organisations non gouvernementales en s’y investissant pour des causes auxquelles elle croit.

En 2015, Halonen a bénéficié d’une bourse de la Harvard Kennedy School. Elle est membre du Council of Women World Leaders, siège au  Conseil consultatif de haut niveau sur la médiation du Secrétaire général des Nations unies et copréside l’équipe spéciale de haut niveau des Nations unies pour la  Conférence internationale sur la population et le développement.

Linda Liukas

A woman with her arms crossed over her chest looks past the camera at something outside the frame.

L’auteure et formatrice Linda Liukas se donne pour mission de démystifier le codage, les technologies et Internet auprès d’un public d’enfants, mais aussi d’adultes.
Photo : Maija Tammi

Avec sa série de livres pour enfants Hello Ruby, Linda Liukas (née en 1986) incite les enfants à s’informer sur le codage, les technologies et Internet. Les livres qu’elle a à la fois écrits et illustrés paraissent dans plus de 20 langues. Elle est également cofondatrice de la communauté Rails Girls, bien connue pour les événements visant à intéresser les filles aux technologies et au codage qu’elle organise régulièrement.

Liukas contribue en tant que consultante aux programmes scolaires de pays du monde entier, participant par ailleurs à de nombreux événements organisés par des entreprises de high tech ou autres conférences sur les technologies, d’où l’occasion pour elle de s’adresser à des publics divers pour à la fois démystifier et vulgariser l’univers de l’informatique. Vous avez la possibilité de suivre ses conférences TED et certaines de ses autres conférences sur YouTube.

Alma

Une jeune femme aux cheveux teints en vert fait face à l’objectif du photographe.

La prestation scénique de la chanteuse Alma en 2013 dans la version finlandaise de l’émission Idols a jeté les bases de la percée musicale de la jeune femme.
Photo : Emmi Korhonen/Lehtikuva

La chanteuse Alma-Sofia Miettinen (née en 1996), Alma de son nom de scène, s’est fait connaître du grand public en participant à la version finlandaise de l’émission Idols en 2013. Des contrats d’enregistrement et des collaborations avec d’autres artistes ont suivi, ainsi qu’un album solo intitulé Have U Seen Her ?, publié en 2020. Elle a par ailleurs coécrit la chanson « Don’t Call Me Angel » qui sert de thème musical au film sorti en 2019 Charlie’s Angels, tout en interprétant une autre des chansons du film, « How It’s Done ».

En 2020, lorsque les festivités annuelles du Helsinki Day (12 juin) ont dû être transférées en ligne en raison des restrictions liées aux coronavirus, Alma a donné un concert où la capitale finlandaise était mise en scène en réalité virtuelle, le public pouvant y participer sous la forme d’avatars évoluant dans l’univers de la RV.

Susanna Mälkki

Une femme tenant une baguette de chef d’orchestre dirige une formation musicale qu’on n’aperçoit pas sur la photo.

La cheffe d’orchestre mondialement connue Susanna Mälkki a fait remarquer dans une interview qu’à une époque aussi récente que les années 1990, diriger un orchestre n’était toujours pas considéré comme une option envisageable pour une femme. Elle ne s’est toutefois pas laissée freiner par ce préjugé.
Photo : Sakari Viika/Orchestre philharmonique d’Helsinki

La cheffe d’orchestre Susanna Mälkki (née en 1969) est devenue la toute première femme chef d’orchestre de l’Orchestre philharmonique d’Helsinki en 2016. Elle a également dirigé l’Orchestre philharmonique de Londres, l’Orchestre symphonique de la BBC et l’Orchestre philharmonique de New York.

Au début de sa carrière, elle était essentiellement interprète, son instrument étant le violoncelle. Dans une interview au New York Times en 2016, elle soulignait que les choses étaient encore très différentes au début des années 1990, car diriger un orchestre n’était pas encore considéré à l’époque comme une option envisageable pour une femme. « J’avais de l’intérêt depuis toujours pour l’idée de diriger », confiait-elle dans les colonnes du grand quotidien américain, ajoutant : « Mais bien sûr, il y a des raisons historiques qui expliquent pourquoi j’étais hésitante au début. »

La situation est différente aujourd’hui. Dès la fin des années 1990, Mälkki est passée du violoncelle à la baguette de cheffe d’orchestre. Le site Music Finland la présente comme « la championne des compositeurs contemporains les plus audacieux ». Dans le même article, elle observe : « Il est vrai que c’est surtout la musique du 20ème siècle et la musique contemporaine qui ont contribué à me faire connaître. Mais je me plais à me voir comme quelqu’un qui joue indifféremment de ces deux registres distincts, le classique et le contemporain, car j’ai toujours été portée sur les deux. »

Awak Kuier

Une jeune femme souriante portant un maillot à l’emblème de la Finlande tient un ballon de basket-ball dans la paume d’une de ses mains.

La vedette de basket Awak Kuier fait une pause avant de reprendre son entraînement avec l’équipe nationale finlandaise à l’été 2020.
Photo : Markku Ulander/Lehtikuva

La basketteuse Awak Kuier (née en 2001) a grandi dans la ville de Kotka, en Finlande du Sud. À la fin de son adolescence, sa famille s’est installée dans la région d’Helsinki afin qu’elle puisse fréquenter le lycée sportif Mäkelänrinne, dont le programme d’enseignement est aménagé pour permettre aux adolescents  qui le fréquentent de se maintenir à niveau sur le plan tant scolaire que sportif.

Kuier a fait ses débuts au sein de l’équipe nationale finlandaise à l’âge de 16 ans. Son club actuel est la Virtus Eirene Raguse, un club d’excellence de première division italienne. Elle est aujourd’hui considérée comme l’une des meilleures candidates à la sélection de la Ligue américaine professionnelle de basket-ball féminin (WNBA). Après avoir signé son contrat avec son club italien à l’été 2020, Kuier a déclaré à la radiotélévision nationale finlandaise Yle : « Je pense que j’aurai la possibilité de m’y améliorer toujours plus et d’aller très loin ». En réponse à une question portant sur ses éventuelles perspectives de carrière sportive en Amérique du Nord, elle a précisé : « Mon objectif personnel est d’être prête pour la WNBA dans deux ans. »

Enni Rukajärvi

Une femme vêtue d’une tenue de sports d’hiver tient une planche de snowboard tout en souriant à l’objectif.

Enni Rukajärvi souhaite se servir de la notoriété que lui assure son statut de championne du monde de snowboard pour attirer l’attention sur la protection de l’environnement et sur d’autres causes du même ordre. Elle a été nommée ambassadrice de l’association Protect Our Winters.
Photo : Timo Jaakonaho/Lehtikuva

Les Finlandais passent à juste titre pour des mordus de sports d’hiver : la snowboardeuse Enni Rukajärvi (née en 1990) a donné à ses fans de nombreuses occasions de laisser éclater leur joie à chacune de ses victoires. Spécialisée en slopestyle, dont l’épreuve a lieu sur une piste intégrant un certain nombre d’obstacles et où les sportifs enchaînent des sauts sur des bosses et des rails, Rukajärvi a remporté quatre médailles aux Winter X Games (une d’or, une d’argent et deux de bronze), décrochant par ailleurs l’argent toujours en slopestyle aux Jeux olympiques d’hiver de 2014 et le bronze en 2018. Quant aux Championnats du monde de snowboard, elle y a remporté l’or en slopestyle et l’argent en big air, dont l’épreuve consiste à exécuter des figures aériennes après un saut.

Rukajärvi a déclaré qu’elle essayait de se servir de la notoriété que lui assure son statut d’athlète pour attirer l’attention sur de nobles causes comme par exemple la protection de l’environnement. C’est ainsi qu’elle est devenue ambassadrice de Protect Our Winters, une association qui mène des campagnes de sensibilisation du public visant à sauver l’hiver – et par la même occasion les sports d’hiver – des risques dévastateurs que lui fait courir le changement climatique.

Dans un article paru en décembre 2020 dans Helsingin Sanomat, le plus important quotidien finlandais, Rukajärvi a exprimé son admiration pour la génération émergente de sportifs et sportives de sa discipline. Elle y note que les jeunes d’aujourd’hui réalisent des sauts et des figures dès le milieu de leur adolescence, autant de performances qu’elle-même n’avait pu réussir avant ses 19 ou 20 ans. Nous avons le sentiment pour notre part qu’elle doit bien être au moins en partie pour quelque chose dans la motivation des tout jeunes adeptes du snowboard en question.

Helene Schjerfbeck

ur une toile, une femme dont on voit le buste et le visage regarde fixement le spectateur.

Helene Schjerfbeck est célèbre pour ses autoportraits dont celui-ci de 1912, présenté dans une rétrospective fin 2019 et début 2020 qui a battu tous les records de fréquentation du Musée d’art Ateneum d’Helsinki.
Photo : Hannu Aaltonen/ Musée d’art Ateneum/Galerie nationale de Finlande

À tort, l’artiste peintre Helene Schjerfbeck (1862-1946) a parfois été éclipsée par ses homologues contemporains masculins : depuis quelques années toutefois, de nouveaux publics découvrent toute la force de son travail.

Anna-Maria von Bonsdorff a organisé une rétrospective de la peinture de Schjerfbeck au Musée d’art Ateneum de Helsinki. Cette exposition a atteint la moyenne de visiteurs quotidiens la plus élevée de toute l’histoire du musée. « Elle nous semble contemporaine à certains égards », a dit von Bonsdorff à la rédaction de VoicilaFINLANDE venue l’interviewer pour l’occasion. « Le fait qu’elle ait eu recours dans son travail à un matériel essentiellement populaire lui vaut l’intérêt d’un public plus jeune. » Von Bonsdorff notait aussi dans la même interview que Schjerfbeck est aujourd’hui considérée comme l’artiste peintre numéro un de Finlande.

Minna Canth

Une statue de femme tenant un livre ouvert se dresse dans un parc tandis qu’un homme passe sur son vélo à l’arrière-plan.

De nombreux commentateurs voient dans l’écrivaine Minna Canth (1844-1897) la première féministe de l’histoire de la Finlande. Cette statue érigée en son honneur se trouve dans la ville de Jyväskylä, en Finlande centrale.
Photo : Tommi Anttonen/Comida Communications/Lehtikuva

Largement reconnue comme la première écrivaine marquante de l’histoire de la littérature finnoise, Minna Canth (1844-1897) a composé des nouvelles, des romans, des pièces de théâtre et des articles de presse. Elle était déjà admirée de son temps pour la représentation réaliste qu’elle donnait des femmes dans ses écrits ainsi que pour sa remise en cause des normes patriarcales qui limitaient leurs possibilités. Canth s’est imposée comme la porte-parole des droits des femmes, du féminisme et de nombreuses causes sociales.

« D’une certaine manière, elle a été historiquement la première féministe de Finlande », déclare Minna Rytisalo, enseignante et auteure d’un roman biographique sur Canth. « Elle croyait résolument au droit à l’instruction pour les filles… et au fait que cette instruction devait leur donner accès notamment aux matières scientifiques, aux sciences naturelles et à l’économie. »

Bien que la Finlande ait réalisé d’énormes progrès dans le sens de l’égalité des genres depuis l’époque de Canth, l’œuvre et l’action de celle-ci gardent aujourd’hui encore toute leur pertinence. « Les droits ne sont jamais gravés dans le marbre », souligne Rytisalo. « Instituer un droit ne garantit pas que ce droit prévaudra toujours. »

L’exemple de Canth a inspiré des générations d’écrivaines féministes finlandaises. Rytisalo observe que nous avons tous et toutes à apprendre de l’état d’esprit de Canth : « Elle croyait fermement dans la nécessité impérieuse d’agir en se sentant en accord avec soi-même et en ayant l’intime conviction de la justesse de ses actes, quand bien même le monde ne reconnaîtrait pas forcément sur le moment ceux-ci comme justes. »

Maryan Adbulkarim

On voit deux femmes debout de part et d’autre d’un livre posé au premier plan face à l’objectif.

Maryan Abdulkarim (à g.) et Eveliina Talvitie, coautrices du livre Noin 10 myyttiä feminismistä (libre traduction française de ce titre : « Environ dix mythes sur le féminisme »), ici photographiées le jour de la parution de leur ouvrage en 2018.
Photo : Vesa Moilanen/Lehtikuva

Née en 1982, Maryan Abdulkarim est une écrivaine primée doublée d’une journaliste et d’une féministe dont l’enfance s’est passée à Tampere, une grande ville de Finlande centrale occidentale. Elle a reçu en 2019 le prix Minna Canth, attribué par la Finnish Fair Foundation à une personnalité dont l’action a pour effet de « bousculer notre société ».

Le jury l’a qualifiée de « courageuse dans ses écrits et dans la façon dont elle s’exprime sur la société », notant en outre qu’elle « défend inlassablement les femmes et les minorités tout en levant le voile sur les inégalités ». En 2021, elle a reçu la médaille spéciale de la Ville d’Helsinki pour son action en faveur d’une prise de conscience des évolutions nécessaires pour la capitale finlandaise en tant que métropole engagée sur la voie de la diversification (à noter qu’Abdulkarim a également écrit pour VoicilaFINLANDE).

Miina Sillanpää

Une femme glisse un bulletin dans la fente d’une urne tandis que différentes personnes l’observent de côté.

La députée Miina Sillanpää, qui fut aussi la première femme ministre finlandaise, dépose son bulletin dans l’urne dans un bureau de vote aux élections législatives de 1948, année où elle mit fin à sa carrière parlementaire.
Photo : Osvald Hedenström/Hede-Foto/Lehtikuva

Née dans la pauvreté, Miina Sillanpää (1866-1952) a connu une trajectoire qui l’a vue devenir membre du Parlement et toute première femme ministre au sein d’un gouvernement finlandais. Portée par ses valeurs personnelles de justice sociale et d’égalité, elle a passé une grande partie de sa vie à militer pour les droits civiques et à défendre de nombreux droits sociaux, apportant son soutien à la cause des femmes, des personnes âgées et des personnes défavorisées.

Elle a participé activement à la campagne en faveur du droit de vote des femmes qui s’est menée en Finlande au début des années 1900 ; après que les femmes finlandaises aient obtenu le droit de vote et de se présenter aux élections, réforme décisive intervenue en 1906, elle figura dès 1907 parmi les 19 premières femmes élues au Parlement finlandais. Elle a conservé son siège de députée pendant 38 ans en étant appelée entre-temps au gouvernement comme ministre des Affaires sociales en 1926-1927.

En 1898, elle avait participé à la fondation d’une association représentant les intérêts des domestiques et employés de maison dont elle devint la responsable en 1901. Sillanpää contribua par ailleurs dans les années 1930 à la création d’un organisme gérant un réseau de refuges pour les femmes seules accompagnées de leurs enfants, une initiative qui permit de surmonter la résistance culturelle que soulevait depuis très longtemps cette idée.

Meeri Koutaniemi

Dans un musée, une femme ouvre les bras dans une gestuelle explicative devant un mur sur lequel sont accrochées plusieurs grandes photos encadrées.

Meeri Koutaniemi a participé en 2015 à une exposition du Musée finlandais de la photographie intitulée To the Third Generation ; cet événement s’inscrivait dans le cadre du Festival of Political Photography.
Photo : Martti Kainulainen/Lehtikuva

La photographe et journaliste Meeri Koutaniemi (née en 1987) a voyagé dans des dizaines de pays afin de documenter « des histoires convaincantes de luttes et de résilience », comme elle l’explique sur son site internet. Elle a été nommée à deux reprises dans son pays Photographe de presse de l’année et a reçu de nombreux autres prix tant en Finlande qu’à l’étranger. Son travail s’attache à « l’aspect humanitaire des conflits, des déplacements de populations et de la discrimination », précise-t-elle.

Parmi les sujets traités par Koutaniemi figurent les réfugiés syriens ayant dû quitter leur pays en passant clandestinement les frontières, les réfugiés Rohingyas originaires de Birmanie, les réfugiés Tchétchènes ayant été accueillis en Finlande, le mode vestimentaire unique en son genre des Héréros, peuple autochtone d’Afrique australe, les transsexuels séropositifs du Mexique, le sort des jeunes filles kenyanes soumises aux mutilations génitales au nom de la culture rurale locale, ainsi que les progrès réalisés par l’Ouganda pour mettre fin à ces mêmes pratiques.

Kaija Saariaho

Une femme souriant avec retenue fixe un objet hors champ face à l’objectif du photographe.

Kaija Saariaho est la plus célèbre compositrice finlandaise contemporaine de musique classique. En 2019, le BBC Music Magazine l’a qualifiée de plus grand compositeur vivant au monde. 
Photo : Jussi Nukari/Lehtikuva

La compositrice de musique classique Kaija Saariaho (1952-2023) a créé des œuvres de commande pour de nombreux orchestres et ensembles, dont le Kronos Quartet, l’Orchestre philharmonique de New York et l’Opéra national de Finlande. Sa composition L’amour de loin a été récompensée en 2011 du Grammy Award du meilleur enregistrement d’opéra. Elle a également reçu le prix Sibelius de la Fondation Wihuri, le prix Polar Music, le prix musical du Conseil nordique, le prix Ars Electronica, le prix Frontières de la connaissance de la Fondation BBVA ainsi que plusieurs autres distinctions encore.

Comment définir la musique de Saariaho ? Elle s’est appuyée sur l’analyse informatique pour créer ses structures musicales et a intégré des éléments de musique électronique à ses œuvres, fusionnant par ailleurs univers visuel et univers musical. Alex Ross a écrit en 2006 un article sur son opéra Adriana Mater dans le New Yorker où il énonce notamment : « Les instruments s’exclament en poussant jusqu’aux extrêmes, tantôt aigus, tantôt graves, les tons se courbent ou se brisent, les archets frottent les cordes des violons avec une intensité telle que les notes qui s’en élèvent vont jusqu’au gémissement… Il y a là un type de son qui frappe les oreilles et mobilise le cerveau jusqu’à frôler le paroxysme : l’information afflue sur toutes les fréquences. »

Il ne manque toutefois pas d’ajouter dans sa phrase suivante que « les pièces (de Saariaho) amènent fréquemment des visions d’une rare et pure beauté ».

Par la rédaction de VoicilaFINLANDE, mars 2021