Bon à savoir sur le ski en Finlande

Notre reporter californien vous livre ses anecdotes et conseils amusants pour vous inciter à vous mettre au ski de fond.

Nous vous présentons ici une liste de quelques conseils utiles et anecdotes amusantes tirées de l’expérience durement acquise par notre reporter sur les pistes de ski finlandaises : venu s’installer en Finlande de sa Californie natale, l’auteur de l’article tient absolument à vous encourager à vous mettre au ski de fond.

Quand je suis venu vivre en Finlande, moi qui ai grandi dans une région du monde où il fait chaud, je me suis tout de suite demandé comment rester en forme pendant l’hiver tout en profitant de la beauté de la nature et en pratiquant une activité qui soit vraiment typiquement d’ici.

Pas de temps à perdre pour apprendre : les Finlandais se mettent au ski encore tout petits, et si ces petits bouts de chou sont capables de s’y mettre, alors vous devriez l’être aussi!

Pas de temps à perdre pour apprendre : les Finlandais se mettent au ski encore tout petits, et si ces petits bouts de chou sont capables de s’y mettre, alors vous devriez l’être aussi!Photo: Juha Tuomi/Lehtikuva

J’aurais pu me mettre au hockey sur glace, sauf qu’il se trouve que je tiens quand même à garder toutes mes dents, dans toute la mesure du possible. Autre idée, j’aurais pu essayer la pêche sur glace, une activité formidable à condition toutefois d’être doté d’une solide dose de patience. C’est à la suite de ces réflexions que j’ai fini par porter mon choix sur le ski de fond.

J’ai commencé par me rendre dans un magasin d’équipements sportifs et y ai fait l’acquisition d’une paire de skis, de bâtons et d’une paire de chaussures de ski. Sans me compliquer la vie à prendre des leçons avec un moniteur, je me suis dirigé ensuite tout droit sur le site de ski le plus proche de chez moi pour d’abord observer comment faisaient les autres : après cela, il ne me restait plus qu’à me lancer sur mes skis. Je me suis dit : « Mais c’est génial, ça m’a l’air même trop facile pour être vrai ! »

Du coup, je me suis trouvé une colline avec une pente assez raide. Arrivé en haut, je me suis élancé, direction le bas de la piste. J’étais en train de dévaler celle-ci à toute vitesse quand une pensée vaguement contrariante m’a traversé l’esprit : je ne savais pas comment faire pour m’arrêter, ni même pour ralentir ! La petite mésaventure qui m’est arrivée à ce moment-là m’a en tout cas fait comprendre que se prendre une grosse gamelle n’était pas forcément la meilleure des solutions pour qui veut freiner au milieu d’une descente à skis…

L’expérience venant, j’ai quand même fait des progrès dans ce sport ô combien dynamique, même si je dois admettre que j’étais en général la personne la plus lente sur toutes les pistes et parcours. Toujours est-il que le ski de fond a commencé à me mobiliser pendant une bonne partie de mon temps libre ; il est vrai qu’après tout, les dimanches sont plutôt calmes et qu’il n’y a souvent pas mieux à faire que chausser ses skis.

Je voudrais vivement recommander aux expatriés établis en Finlande comme aux visiteurs étrangers de s’essayer à ce sympathique hobby, non sans les avertir que comme tout sport, celui-ci comporte aussi ses risques ! Voici donc quelques conseils à ma façon, auxquels j’ai tenu à ajouter un rappel de différentes petites choses dont il est toujours bon de se souvenir.

Sachez vous orienter

Prendre des gadins fait partie des joies du ski : comme c’est inévitable, autant voir les choses avec décontraction… ce n’est après tout que de la neige!

Prendre des gadins fait partie des joies du ski : comme c’est inévitable, autant voir les choses avec décontraction… ce n’est après tout que de la neige!Photo: Tero Sivula/Lehtikuva

Je me rappelle une sortie à skis que je fis une fois par une belle journée ensoleillée. Le parcours de ski de fond était bien balisé et il y avait pas mal de monde devant comme derrière moi. Tout à coup, le temps a commencé à se couvrir et bientôt la neige s’est mise à tomber. Les chutes de neige n’ont pas tardé à devenir importantes, ce qui eut pour conséquence de m’empêcher d’apercevoir d’éventuels autres skieurs dans les parages, ou même des traces de skis alentour. En fait, j’étais perdu dans la forêt et j’ai commencé à paniquer. Avais-je des chances de m’en sortir ? Fallait-il que je me construise un abri en neige ? Sur ce, j’aperçus quelqu’un.

« Est-ce que vous pourriez m’aider à sortir de cet endroit sauvage et désert ? », demandai-je à cet homme.

« Oh, bien sûr », fit-il. « Continuez juste dans cette direction sur deux à trois cent mètres et vous tomberez sur la grand-route. »

Imaginez un peu mon embarras… La vérité est que je m’étais « perdu » dans la proche banlieue d’Helsinki. Si vous avez la moindre crainte, pensez à emporter une carte ou votre smartphone.

Le grand sportif frustré

C’est un homme qui se comporte à skis comme s’il était sur une autoroute. Il fonce aussi vite qu’il en est capable, ne voit rien, ne s’arrête devant personne et risque de débouler droit sur vous en descendant une pente, sur parcours plat ou même en remontant la pente. Il a exactement l’expression de quelqu’un qui serait en train de se faire courser par un énorme ours. Cela étant, le même personnage ne tardera pas à changer de visage du tout au tout. Une fois assis sur les gradins du sempiternel sauna où les Finlandais ne manquent pas de faire une visite au terme de la journée de ski, votre dingue de tout à l’heure sera en effet tout à fait méconnaissable : il vous vantera les mérites du ski, s’extasiant sur les vertus relaxantes de ce sport et sur la beauté des paysages, ajoutant même qu’il se sent merveilleusement en paix au contact de la nature. Ne vous laissez pas prendre à ces beaux discours ! Dès qu’il sera de retour sur les pistes, votre gaillard redeviendra à coup sûr comme fou… Notez cependant que par chance, les Finlandais sont dans leur grande majorité des skieurs civilisés.

Attention aux virages mortels

Quand vous descendrez une pente à toute allure, soyez sûr que vous allez finir par tomber sur un virage bien vicieux et serré. Et ce n’est pas tout : bien souvent, le bord extérieur de la piste marque comme un fait exprès un angle de 90° en plein milieu du virage alors que le bord intérieur, lui, continue droit devant (ceci s’expliquant par le fait que certains skieurs préfèrent couper au plus court pour gagner un maximum de vitesse). Cette source de confusion pourrait bien vous conduire à tenter un mouvement acrobatique désespéré, le risque étant que vous vous retrouviez à faire le poirier dans la neige, tête en bas, skis en l’air. Fort heureusement, la poudreuse est profonde et douce en règle générale ! Ne vous inquiétez pas trop, vous finirez bien par prendre le pli pour négocier vos fameux virages.

Le fart n’est pas un luxe

Une activité pour petits et grands : rien de mieux qu’une partie de ski de fond pour se bouger et s’oxygéner en famille.

Une activité pour petits et grands : rien de mieux qu’une partie de ski de fond pour se bouger et s’oxygéner en famille.Photo: Tero Sivula/Lehtikuva

Je me suis longtemps demandé pourquoi les skieurs avaient toujours dans leurs affaires du fart de différentes sortes. Tous les farts se valent, me disais-je. Comme je ne me voyais pas frimer comme certains, je me contentai d’acheter du fart de la variété la plus courante. Un beau jour, j’étais lancé, tout content, dans une randonnée à skis de fond par une journée bien froide et tonique, la neige crissant sur mon passage. Chemin faisant, le temps commença à se réchauffer sensiblement, puis j’eus la sensation assez étrange que les paysages autour de moi étaient les mêmes que 20 minutes plus tôt : en fait, mes skis bougeaient bien, mais moi je ne bougeais pas ! Bref, je décidai de faire tout le chemin du retour à pied, skis sur le dos, croisant régulièrement en cours de route toutes sortes d’« experts en farts » qui, eux, avançaient à toute vitesse en s’en donnant à cœur joie ! Emportez en toutes circonstances un assortiment de farts différents. Il existe d’ailleurs aujourd’hui des skis à semelle sans fartage, généralement assez bien adaptés aux besoins du skieur amateur.

Dites non à votre estomac !

Un matin, me sentant en super forme, j’abattis dix kilomètres de parcours de ski de fond : c’était extraordinaire, j’avais l’impression d’avoir des ailes. A un moment où je m’étais arrêté pour souffler un peu, mon estomac se mit à crier misère, me suppliant de prendre soin de lui en allant avaler un petit morceau. Arrivé devant une cafétéria sur le bord de la piste, j’avisai un écriteau qui annonçait le « lunch spécial du jour » : voyant cela, je ne fis ni une ni deux et entrai m’attabler. J’eus bientôt expédié une belle escalope de veau panée servie avec des frites, des légumes, de la salade, du pain et du beurre, plus le dessert, le tout copieusement arrosé de lait. Sorti de là et ayant rechaussé mes skis, je me sentis soudain lourd comme si mon estomac avait été lesté de plomb. Je passe sur mon trajet retour qui, même s’il n’était « que » de dix kilomètres, me parut aussi long que s’il en avait fait cent ! Mangez légèrement quand vous faites une sortie à skis.

Tout est dans l’état d’esprit

Quand vous sortirez sur les pistes, laissez de côté les problèmes que vous pouvez avoir à votre bureau, ne pensez plus à vos difficultés relationnelles, oubliez la politique et les menaces de destruction définitive qui pèsent sur le monde. Dites-vous seulement que le ski de fond est un sport fantastique. Vivez le moment présent dans la bonne humeur

Par Russell Snyder, décembre 2013