Il a pour ainsi dire une chanson à son nom, tandis que le comté anglais de Norfolk s’attend à voir naître au printemps 2020 un certain nombre de bébés qui s’appelleront comme lui.
S’il ne joue pas le 6 décembre prochain (date correspondant à la Fête nationale finlandaise dite Fête de l’Indépendance), il est très possible qu’il fasse partie des célébrités et personnalités du monde politique et diplomatique qui se succéderont à la file pour serrer la main du couple présidentiel finlandais à la soirée de gala qui se tient tous les ans à Helsinki pour marquer l’indépendance du pays.
Le football finlandais compte un nouveau héros : il s’appelle Teemu Pukki.
Une bonne affaire footballistique
Son nom de famille veut dire notamment « bouc » dans sa langue maternelle le finnois, même si les performances de notre homme pour le compte de son club anglais de Norwich, vainqueur du Championnat d’Angleterre de football de deuxième division, n’ont rien de caprin : Pukki a totalisé en effet 29 buts pour son club au cours de la saison 2018-2019.
Norwich s’était qualifié pour ce championnat avant même le dernier match de la série, assurant ainsi automatiquement sa promotion en Premier League. Pour la saison 2019-2020 à venir, Pukki, désigné d’une part Joueur de la Saison de son club de Norwich et du Championnat d’Angleterre pour la saison 2018-2019, d’autre part Joueur de l’Année 2018-2019 par la Fédération de Finlande de football, sera confronté aux véritables stars du foot que sont par exemple Mo Salah de Liverpool, Sergio Aguero du Manchester City Football Club ou le joueur de Tottenham Harry Kane.
Norwich a bien de la chance. Les buteurs de l’efficacité de Pukki, lequel est capable de marquer régulièrement semaine après semaine, se négocient pour des sommes élevées qui ne représentent que bien rarement des montants de moins de plusieurs dizaines des millions d’euros. En fait, Pukki n’a rien coûté du tout à son club actuel : son transfert du club danois Brøndby IF, où il avait passé quatre années en marquant 55 buts, s’est fait sans bourse délier alors que le Finlandais était arrivé en fin de contrat. Précédemment, Pukki avait joué à Séville en Espagne, chez lui au HJK Helsinki, au FC Schalke 04 en Allemagne et enfin au club écossais du Celtic Glasgow.
La vérité oblige à dire que Pukki n’a mis le feu à aucun stade au cours des saisons qu’il a passées à jouer pour ces différents clubs : le succès phénoménal qu’il connaît désormais dans le cadre de son club de Norwich a par conséquent de quoi surprendre. Avec autant de buts marqués en une saison qu’il compte d’années (Pukki a 29 ans), il a frôlé le record absolu de buts engrangés par Norwich dans des matchs de ligue ; ce record fut réalisé par le joueur Grant Holt en 2010.
Le bon endroit et le bon moment
L’adresse particulièrement affutée dont témoigne aujourd’hui Pukki pour placer le ballon dans les buts adverses coïncide très opportunément avec un regain de succès pour l’équipe nationale de foot finlandaise, quelque peu au point mort depuis la grande époque des stars du ballon rond national de première division, dont les joueurs Jari Litmanen et Sami Hyypiä ont été les exemples les plus remarquables.
Il n’en reste pas moins que le décompte de buts marqués à l’international par Pukki, soit 18 sur 74 matchs (à l’heure où ces lignes étaient écrites à l’été 2019) répartis sur la petite dizaine d’années que compte sa carrière depuis 2009 reste modeste. Aujourd’hui, la Finlande a bon espoir que Pukki soit en capacité de réitérer ses exploits pour le compte de Norwich au sein de l’équipe nationale de Finlande jusqu’à assurer à son pays une qualification pour l’Euro 2020. Pour la première fois de son histoire, le tournoi aura lieu dans douze villes de douze pays différents des quatre coins de l’Europe, entre Bakou en Azerbaïdjan et Dublin en Irlande.
Le bon endroit, le bon moment, le bon joueur : les supporters du club de Norwich ont volontiers recours à cette formule qui tient quasiment du mantra quand on leur demande ce qui explique le succès de Pukki. La pièce rapportée finlandaise du club anglais s’est rapidement adaptée au style de jeu vif de l’équipe de Norwich, dirigée par l’entraîneur allemand Daniel Farke.
Pukki a pris les supporters au dépourvu. « Les gens qui prétendent avoir su de quoi Teemu Pukki était capable avant qu’il ne rejoigne Norwich ont soit de très solides connaissances footballistiques, soit ils racontent tout simplement des âneries », voilà ce qu’écrivait en novembre 2018 Jamie Woodhouse sur le site Football 365 dédié à l’actualité du foot : de nombreux observateurs se disent aujourd’hui encore d’accord avec ce jugement.
Prochaine étape : la Premier League
Le club des Canaris (le surnom de l’équipe de foot de Norwich lui vient de la tradition ancienne d’élevage de cette espèce d’oiseau qui a fait la réputation de la ville et qui se retrouve sur le logo vert et jaune de l’équipe) fut fondé en 1905, sa dernière qualification en Premier League datant de 2015, après quoi le club a rétrogradé en deuxième division l’année suivante.
Le club est la propriété de Delia Smith et de son mari ; présentatrice de télévision célébrissime en Angleterre pour ses émissions culinaires, Smith est connue pour s’emparer dans le feu de l’action du micro relié au système de sonorisation générale du stade pour exhorter les supporters de Norwich à faire encore plus de bruit. Elle aura l’occasion de continuer à manifester son soutien bruyant à son équipe au cours de la saison qui démarre en ce mois d’août 2019, d’autant que la Premier League est largement reconnue comme l’un des championnats de football les plus rudes au monde, pour ne pas dire le plus rude.
En 2018-2019, Pukki a contribué plus que tout autre joueur à faire chanter le public du stade de Carrow Road où l’équipe de Norwich est chez elle. Quant aux paroles de la chanson des supporters, rebaptisée par les médias finlandais la « Chanson de Teemu Pukki », il faut bien reconnaître qu’elles ne sont pas trop difficiles à mémoriser.
N’hésitez pas à vous exercer en entonnant vous aussi chez vous « Teemu Pukki baby, Teemu Pukki ohhh » sur l’air de Don’t you want me, le succès du groupe britannique The Human League.
Par Tim Bird, août 2019