La Journée internationale du bonheur a lieu tous les ans le 20 mars, tombant en même temps que la publication du World Happiness Report, un document établi par le Réseau de solutions pour le développement durable des Nations unies.En 2024, la Finlande occupe pour la septième fois consécutive la première place de la liste des pays les plus heureux du monde.
Les autres pays nordiques figurent généralement avec la Finlande dans le top 10 du classement : cette année, on les trouve tous parmi les sept premiers : le Danemark est deuxième, l’Islande troisième, la Suède quatrième et la Norvège septième.
Des évaluations sur la qualité de vie
Les 158 pages du World Happiness Report et la Journée internationale du bonheur donnent l’occasion de s’interroger sur les fondements du bonheur et ce qu’il faudrait faire pour encourager celui-ci. À plus d’un titre, ce questionnement sur le bonheur peut aussi tendre à faire contrepoids aux mauvaises nouvelles que nous valent le changement climatique et les guerres qui ont lieu ici ou là.
Le rapport compare les réponses à l’une des questions d’un sondage mondial Gallup sur la bonne centaine de questions posées en tout. La question est la suivante : sur une échelle de zéro à dix, où situez-vous votre vie à vous (zéro étant la pire vie possible et dix la meilleure vie possible) ?
Appelées « évaluations sur la qualité de vie » par les auteurs du rapport, les réponses recueillies apportent une mesure du degré de satisfaction des personnes interrogées par rapport à leur existence. Le rapport se base sur la moyenne des trois dernières années pour établir la liste des pays les plus heureux.
L’édition 2024 du rapport scinde en outre les listes de réponses portant sur le bonheur en quatre groupes d’âge, ce à des fins de comparaison. En Finlande, au Danemark, en Suède et en Norvège, la tranche d’âge la plus élevée (60 ans et plus) était plus heureuse que les autres, tandis que la tranche d’âge la plus jeune (moins de 30 ans) était la moins heureuse.
Les auteurs tentent également d’identifier des « facteurs prédictifs » généraux du bonheur, notamment le PIB par habitant, l’espérance de vie en bonne santé à la naissance, le soutien social (le fait d’avoir autour de soi des personnes sur qui compter en cas de difficultés), la liberté de faire des choix de vie, la générosité (le fait ou non de faire des dons à des œuvres caritatives) et enfin la perception de la corruption (au sein de l’Etat aussi bien que dans les entreprises).
Une infrastructure du bonheur
La Finlande et les autres pays nordiques affichent des scores élevés dans ces catégories de facteurs prédictifs ainsi que dans d’autres aspects du fonctionnement de la société qui contribuent au bonheur (plusieurs de ces points figurent dans notre encadré consacré aux comparaisons internationales à consulter à la fin de cet article). Pour sa part, la Finlande a favorisé une véritable infrastructure du bonheur en mettant en place et en entretenant une forme de culture spécifique du bonheur et des institutions sociales qui constituent la base et le cadre permettant aux individus aussi bien qu’aux communautés de construire leur bonheur.
Le bonheur n’arrive en effet pas tout seul : les pays ont la possibilité de prendre différentes mesures pour l’encourager. Les travaux de recherche qui ont été menés sur ce thème mettent en évidence la corrélation existant entre le sentiment de satisfaction qu’on éprouve par rapport à sa vie et une société fonctionnelle et en mesure d’assurer à chacun des soins de santé, un système de sécurité sociale et l’accès au marché du travail.
Si l’on fait un zoom arrière pour se placer dans une perspective plus large, on observe que le bonheur devrait en principe se voir comme un objectif politique. Même si la Finlande dispose d’un système multipartite propice à ce que de nombreuses propositions politiques différentes soient portées à la connaissance des citoyens, on peut néanmoins affirmer que le bonheur y fait dénominateur commun parmi tous les objectifs politiques affichés par les uns et les autres.
À un niveau plus individuel, il n’y a pas besoin d’être un décideur gouvernemental pour aller consulter le site Find Your Inner Finn (« Révélez le Finlandais en vous ») géré par nos confrères et amis de l’organisme Visit Finland. Ce site propose une masterclass en cinq volets sur le « mode de vie finlandais du bonheur », complétée par des leçons pratiques sous forme de vidéos, des devoirs à réaliser pour une étude plus approfondie et un certificat délivré à la fin valant master en bonheur.
Le bonheur démarre avec la vie elle-même
La démocratie et la bonne gouvernance, qui jouent un rôle central dans l’infrastructure du bonheur, reposent sur la transparence, la responsabilité, l’impartialité, l’état de droit, la protection pleine et entière des droits humains, y compris ceux des minorités, l’absence de violence politique et enfin l’absence de corruption.
Libres et équitables, les élections finlandaises sont couvertes par des médias indépendants s’adressant à une population dont le jugement s’appuie sur une éducation aux médias largement répandue en son sein.
La société finlandaise s’est construite sur la notion de confiance, laquelle repose sur la transparence : celle-ci a pour double caractéristique la liberté de communication et d’information et la faculté pour tout citoyen, comme pour la société civile dans son ensemble, de s’impliquer dans des actions visant à l’amélioration de la société. Ce sont les niveaux élevés de confiance et de liberté ainsi atteints qui contribuent au bonheur des Finlandais.
De même, l’équité et l’égalité sont des éléments importants du bonheur et de la société finlandaise. L’égalité signifie non seulement l’égalité des genres, mais aussi un départ dans la vie dans des conditions d’égalité grâce à des soins prénataux gratuits pour les mamans et un généreux congé parental. Enfin, l’égalité se traduit en outre par un accès égal tout au long de la vie à l’éducation et aux soins de santé, tous deux d’accès gratuit en Finlande ou n’entraînant que des frais très modiques.
La nature du bonheur
Enfin et surtout, la nature se trouve toujours à portée de main en Finlande. Même en zone urbaine, on n’est jamais à plus de dix minutes à pied d’un parc ou d’une forêt. Il a été démontré qu’une nature préservée contribue au bien-être et au bonheur de l’individu.
En 2012, la première édition du World Happiness Report établissait un lien entre la nature et le bonheur. Ce rapport initial définissait le « développement durable » comme une combinaison de durabilité environnementale, d’inclusion sociale et de bien-être individuel. Les auteurs du document écrivaient à l’époque : « La quête du bonheur est intimement liée à la quête du développement durable. »
Même si les éditions suivantes du rapport ont examiné la notion de bonheur sous des angles très variés, l’idée générale est restée la même. Et si vous cherchez une recette du bonheur, cette définition du développement durable peut se voir, toujours aujourd’hui, comme un bon point de départ.
La place de la Finlande par rapport aux pays du mondeLes bons résultats renouvelés de la Finlande au World Happiness Report découlent de facteurs qui figurent également dans d’autres rapports, index et études comparatives internationales. À l’heure où nous écrivions ces lignes, la Finlande était classée par divers organismes et dans plusieurs enquêtes comme :
|
Par la rédaction de VoicilaFINLANDE, mars 2024