Les groupes finlandais de renommée internationale Nightwish, Apocalyptica ou HIM, tous pionniers du métal, font des émules. Depuis 2006, un prêtre organise régulièrement des « messes-métal ». Avec, à la clef, un succès grandissant.
Vingt heures ont sonné, ce samedi 2 mars, dans l’église de Turku (sud-ouest de la Finlande). Plusieurs centaines de fidèles viennent assister à une messe un peu particulière. Ici, les chants religieux sont entonnés par un groupe de métal, composé de trois guitaristes, une chanteuse, un batteur et un claviériste.
« Nous n’avons pas changé les paroles des hymnes. Seule la mélodie des chants a été adaptée aux rythmes du métal » décrit Haka Kekäläinen, 50 ans, prêtre officiant durant cette messe. Ce dernier a tout du fan de ce genre de musique: cheveux bruns tombant sur ses épaules, longue barbe cendrée et, lorsqu’il ne porte pas son aube de prêtre, veste de cuir.
Ce pasteur rattaché à l’Eglise protestante luthérienne de Finlande a réussi à joindre sa passion pour Dieu à celle pour le métal en organisant régulièrement des « métal-messes ».
Dans le public de l’église de Turku, peu de « métalleux », mais des gens de tout âge. « Lors de l’une de nos messes, j’avais remarqué que le plus jeune avait deux mois et le plus âgé, 87 ans » remarque Kekäläinen. « Nous attirons beaucoup de gens qui ne sont pas croyants. Et nous leur montrons qu’il est possible de passer un bon moment dans une église ».
L’aventure est loin d’être terminée
Mika Mäkinen, un trentenaire aux cheveux blonds réunis en queue de cheval, ne se rend qu’aux métal-messes. « Pour moi, c’est la neuvième fois », glisse-t-il.
De son côté, un couple de quinquagénaires avoue venir à chaque messe de ce type organisée à Turku. « Pourtant, nous n’écoutons jamais de métal. Mais ce que nous aimons ici, c’est cette atmosphère fantastique, unique », décrivent-ils.
La première « métal-messe » a eu lieu en 2006, dans l’église Tempeliaukio d’Helsinki. Près de 1300 personnes ont voulu assister à l’événement. Depuis, le groupe, dont tous les membres ne sont pas croyants, a célébré 95 métal-messes, partout en Finlande, et a enregistré un album. Les 8000 copies se sont très vite écoulées.
Pour Haka Kekäläinen, il existe une relation spéciale entre le métal et les chants religieux. Brandissant son livret de messe, il sourit : « Vous savez, là-dedans, il y a des mots parfois très cruels ! Cela correspond bien au métal ».
Au sein de l’Eglise, les critiques à l’égard de leur démarche ont été quasi inexistantes. Car en Finlande, terre d’origine des groupes Nightwish, Stratovarius ou HIM, le métal bénéficie d’une très large audience. Les musiciens du groupe de métal-messe, eux, ne sont pas encore aussi célèbres, mais ils viennent de recevoir des invitations à des festivals en Suède, Belgique, Suisse et en Autriche. L’aventure est donc loin d’être terminée pour Haka Kekäläinen, qui annonce :
« En 2014, nous voulons instaurer une métal-messe hebdomadaire, dans une église d’Helsinki. Et, surement, enregistrer un nouvel album ».
Par Pauline Curtet, mars 2013