C’est l’heure des élections : les résidents étrangers en Finlande votent aux régionales et aux municipales

Qu’elles soient présidentielles, parlementaires ou autres, les élections représentant des enjeux nationaux à un titre ou un autre se tiennent au moins tous les deux ans en Finlande, parfois même deux années de suite. Les résidents étrangers ont la possibilité à la fois de voter et de se porter candidats aux élections régionales et municipales, organisées dans tout le pays de façon combinée. Nous avons échangé avec certains d’entre eux.

Des élections libres, équitables et couvertes par une presse libre et indépendante constituent un pilier de la démocratie.

La Finlande organise des élections présidentielles (tous les six ans), des élections législatives (tous les quatre ans), des élections au Parlement européen (tous les cinq ans) et, enfin et surtout, des élections régionales et municipales combinées (tous les quatre ans).

Les étrangers ayant le statut de résident en Finlande peuvent voter aux élections régionales et municipales (qui se tiendront le 13 avril 2025). C’est l’occasion pour eux de s’impliquer dans le processus politique en tant qu’électeur ou candidat, de faire connaître leur opinion et d’influer sur le devenir de la société.

Rendez-vous à la bibliothèque

Un homme est assis sur les marches d’un escalier en bois tandis qu’une petite fille est en train de jouer au premier plan.

Originaire d’Afghanistan et résident finlandais depuis plusieurs années, Navid et sa fille ont tout l’espace qu’il leur faut pour jouer dans la section Enfants de la bibliothèque centrale d’Helsinki Oodi.
Photo : Emilia Kangasluoma

Parmi les nombreux bureaux de vote par anticipation disponibles à Helsinki, l’un est installé au dernier étage de la bibliothèque centrale Oodi, l’un des grands emblèmes architecturaux de la capitale finlandaise. On trouve par ailleurs au même niveau un espace Enfants doté d’une vaste aire de jeux. Des dizaines de poussettes sont parquées en rangées à l’entrée de cet espace dédié, signe de la faveur dont jouit l’endroit auprès des familles helsinkiennes.

Navid, soudeur de profession, a récemment quitté Oulu, une ville de Finlande du Nord, pour s’installer à Helsinki. Originaire d’Afghanistan, il vit en Finlande depuis neuf ans.

Tout en surveillant sa fille Aliisa, il nous confie : « Je trouve que c’est important » d’avoir la possibilité de voter. Cependant, il ne votera pas ce même jour à Oodi, précise-t-il : tout s’explique quand Aliisa prend soudain son papa par la main et l’entraîne vers l’aire de jeux.

Participer est super important

Un homme tenant un jeune enfant sur ses genoux est assis dans un fauteuil tandis que des rayonnages chargés de livres et des tables sont visibles à l’arrière-plan.

Fabio, un Italien établi en Finlande avec sa famille, est heureux de la chance qu’il a de voter aux élections locales.
Photo : Emilia Kangasluoma

Non loin de là, Fabio, un Italien installé en Finlande depuis 12 ans, est assis en compagnie de son fils, prénommé Leonardo.

« C’est super important », répond Fabio lorsque nous lui demandons ce que représente pour lui le droit de participer aux élections. « Même si je ne suis pas citoyen de ce pays, je suis résident finlandais, donc c’est une bonne chose que je puisse voter pour le maire de ma ville. » Il ajoute que c’est « plutôt sympa d’avoir la faculté de voter par anticipation. »

Leonardo est son troisième enfant. « Aujourd’hui, j’ai une famille, donc les thèmes en lien avec la famille ont de l’importance pour moi », explique Fabio. Nous sommes tombés sur lui alors qu’il profitait du dernier jour de son congé parental de trois mois. Il reprendra bientôt son travail de chercheur à la Banque centrale de Finlande, tandis que Leonardo ira rejoindre ses deux sœurs aînées à la halte-garderie.

« Waouh », s’exclame Leonardo, façon pour lui de commenter avec bonne humeur ce que son père vient de dire.

Qui vote à quelles élections ?

Dans une vaste salle, plusieurs personnes s’avancent pour rejoindre des isoloirs en bois installés à côté d’un bureau et de rayonnages où sont rangés des livres.

Des citoyens se dirigent vers les isoloirs du lieu de vote par anticipation aménagé à la bibliothèque centrale d’Helsinki Oodi.
Photo : Emilia Kangasluoma

Quelle part les résidents étrangers représentent-ils au sein du corps électoral finlandais ? Selon l’Institut national finlandais des études statistiques, plus de 411 000 ressortissants étrangers vivaient en Finlande à l’heure où nous écrivions ces lignes, soit 7,3 % de la population totale de 5,6 millions d’habitants, sans compter les personnes nées à l’étranger et possédant la nationalité finlandaise. À Helsinki et dans la région métropolitaine confondus, les ressortissants étrangers représentaient plus de 12 % de la population.

Voter aux élections présidentielles et parlementaires nécessite d’avoir la nationalité finlandaise, tandis que les citoyens de l’UE domiciliés en Finlande peuvent voter aux élections du Parlement européen. Il faut toutefois noter qu’aux élections régionales et municipales, seuls les ressortissants étrangers résidant en Finlande depuis au moins deux ans ont le droit de voter et de se présenter aux élections.

Dans la quasi-totalité du pays, les citoyens votent le même jour pour un candidat aux élections départementales et un autre aux élections municipales. Helsinki étant une supermunicipalité et non une région à part entière, les helsinkiens n’y participent qu’à une seule élection.

Tous les électeurs sont automatiquement inscrits sur les listes électorales (la majorité électorale étant fixée à 18 ans). Ils reçoivent un avis par voie numérique ou par courrier postal avant chaque scrutin, avec indication de l’adresse de leur bureau de vote local ainsi qu’une liste de sites où il leur est possible de voter par anticipation. Aux élections régionales et municipales d’avril 2025, on dénombrait 260 047 ressortissants étrangers parmi les 4 270 942 électeurs habilités à voter, soit 6,1 % du total.

Par Peter Marten, avril 2025