Une expertise éducative à disposition

Les Finlandais œuvrent à faire de leur expertise éducative un produit d’exportation à destination du monde entier.

La Finlande est connue sur la scène internationale notamment pour son expertise éducative, une spécificité nationale qui vaut régulièrement au pays de nombreux éloges. Depuis peu, des organismes finlandais réunis en groupement s’emploient à faire de cette compétence particulière un produit d’exportation à destination des pays du monde entier.

La Finlande est connue sur la scène internationale notamment pour son expertise éducative, une spécificité nationale qui vaut régulièrement au pays de nombreux éloges. Depuis peu, des organismes finlandais réunis en groupement s’emploient à faire de cette compétence particulière un produit d’exportation à destination des pays du monde entier.

Le programme Future Learning Finland est coordonné par Finpro, un organisme officiel en charge de la promotion du commerce finlandais et du développement des investissements en Finlande ; il bénéficie en outre du soutien des ministères finlandais de l’Education et de la Culture, de l’Emploi, de l’Economie et des Affaires étrangères. Parmi les 74 organismes partie prenante au programme figurent plusieurs universités et établissements de formation professionnelle ainsi qu’un certain nombre de fondations et associations. On trouve également au sein de ce réseau plusieurs sociétés œuvrant en particulier dans le domaine éducatif et celui des technologies de l’information et de la communication, et enfin l’organisme gouvernemental EduCluster Finland, une structure au rôle éminent créée pour assurer concrètement l’excellence éducative.

Une importance accordée à l’apprentissage physique et virtuel

2789-future-learning-_susanna-alatalo_550px-jpg

Deux ambassadeurs de l’enseignement : Niko Lindholm, chef de projet (à g.) et Eeva Nuutinen, directrice de projet, s’emploient tous deux à exporter l’expertise éducative finlandaise dans le cadre de Finpro. Photo: Susanna Alatalo

« Il y a encore trois ans, le travail de promotion de l’expertise éducative à l’international était inconnu en tant que métier à part entière en Finlande ; c’est au fil de la mise au point du programme que les contours de notre action se sont précisés. » Nuutinen souligne par ailleurs que même si l’exportation de l’expertise éducative va fréquemment de pair avec la vente des diplômes du pays d’origine à des pays étrangers, ceci ne s’applique pas à la Finlande, laquelle a dû trouver une tout autre approche pour mettre en place sa stratégie de promotion de ses atouts éducatifs.

En quoi consiste donc l’expertise finlandaise, et, question plus importante encore, comment peut-elle s’exporter ? La formation des enseignants et le développement de l’enseignement technique et professionnel sont des domaines où la Finlande a beaucoup à apporter aux autres pays ; également, les formations aux technologies de l’information et de la communication dispensées par les établissements d’enseignement public ou privé du pays sont tout particulièrement susceptibles de s’exporter. « Nous n’exportons pas exactement nos diplômes, mais nous concevons sur mesure des systèmes éducatifs adaptés aux différents besoins qui peuvent se faire sentir », ajoute Nuutinen. « Nous fournissons aussi des services de conseil éducatif : nous évaluons le niveau d’éducation et les besoins en termes d’éducation de tel ou tel pays ou région, ce travail s’accompagnant d’une réflexion sur les possibilités de développement du système éducatif local ; nous prenons aussi systématiquement en compte les nécessités de l’apprentissage tant physique que virtuel des populations concernées. »

Des sociétés en voie de transformation rapide

2789-future-learning_team-finland_riitta-supperi_550px-jpg

Dans son travail de promotion de l’expertise éducative finlandaise, le programme FLF cible en particulier le marché de la formation aux technologies de l’information. Photo: Riitta Supperi/Team Finland

Le FLF participe à différents événements parmi lesquels des forums, des séminaires et des tournées de présentation : ce sont là autant d’occasions importantes d’identifier et de cerner un certain nombre de marchés comme celui des technologies de l’information et de la communication. Par ailleurs, il est fréquent que les médiaux locaux aident les délégués du programme à faire progresser la visibilité de l’expertise éducative finlandaise, sans compter que la dynamique enclenchée joue dans les deux sens : parallèlement aux voyages de promotion qui s’organisent au départ de la Finlande, des délégations étrangères se déplacent en Finlande pour s’y faire présenter de la façon la plus vivante possible les atouts du système éducatif.

Nuutinen indique que c’est l’Arabie Saoudite qui est actuellement le marché régional le plus important pour le FLF : en effet, une réforme éducative de vaste envergure est en cours dans ce pays, ceci s’accompagnant d’investissements très conséquents. La Finlande peut y avoir un rôle à jouer en termes de partage de son expertise, mais aussi en intervenant pour aider le pays à développer ses infrastructures éducatives. « Pour vous donner un exemple, les Saoudiens veulent des écoles clés en main », dit Nuutinen. « Or nous avons en Finlande des cabinets d’architecte spécialisés en architecture scolaire, et aussi des sociétés de BTP qui ont l’expérience de ce type précis de chantier. Le FLF compte aussi parmi ses entreprises participantes des sociétés à même de fournir des mobiliers et autres équipements adaptés. »

Outre le golfe Persique, la Russie, la Chine ainsi qu’éventuellement Hong Kong sont des marchés qui intéressent les professionnels de l’éducation finlandais. En février 2013, le Salon international de l’éducation et de la formation (IEFE) s’est tenu en Arabie Saoudite. Pour Niko Lindholm, chez de projet à l’organisme Finpro, la participation finlandaise à cet événement annuel a été particulièrement utile du point de vue de la promotion à vaste échelle de l’expertise finlandaise en matière d’éducation : un bon nombre de contrats commerciaux y ont été conclus, sans compter que la Finlande a pu bénéficier à cette occasion d’une visibilité précieuse.« Quand les Saoudiens ont initié leur réforme et qu’ils se sont mis en quête d’interlocuteurs susceptibles de leur apporter une expertise éducative, ils ont été amenés à observer que les pays qui s’étaient le plus rapidement transformés de sociétés reposant sur une industrie manufacturière en sociétés de l’information étaient Singapour, la Corée du Sud ainsi que la Finlande », commente Lindholm.

L’un des nombreux participants au programme FLF à avoir fait le déplacement au Salon international de l’éducation et de la formation est la société de prestations de services pédagogiques en ligne 10monkeys.com, spécialisée en apprentissage des mathématiques. Sa directrice générale Kati Björklund considère que sa société aura grandement profité de sa présence à ce salon : en effet, elle a pu y finaliser un contrat avec un agent local saoudien. « Nous sommes une petite entreprise ; à ce titre, il nous a été extrêmement utile de pouvoir bénéficier du soutien d’une structure commune comme Future Learning Finland, avec le surcroît de crédibilité que cela nous a apporté », observe Björklund.

Le programme FLF a été mis en place pour une durée de 3 ans, à la suite de quoi une évaluation sera menée pour décider si l’expérience doit ou non être prolongée. « Nous sommes actuellement dans un processus de réflexion sur les contours qui seront ceux de l’enseignement finlandais à l’horizon 2018 », dit pour sa part Nuutinen. « Je doute que l’idée d’exportation de l’expertise éducative finlandaise ne soit plus d’actualité cette année-là, même si le programme FLF devait, lui, ne plus exister en 2018. » Et de citer pour finir le leitmotiv qui a été choisi pour l’action de Future Learning Finland : « We see brilliant futures », une formule qui semble de toute façon particulièrement pertinente.

Par Annika Rautakoura, avril 2013