Les accros aux Moomins

Avec une orthographe française changeante au gré des époques (Muumin, Moumine ou Moomin…), Mumin en version originale, est un petit troll créé il y a plus de 60 ans.

Avec une orthographe française changeante au gré des époques (Muumin, Moumine, Moomin…), Mumin en version originale, petit troll créé il y a plus de 60 ans, par Tove Jansson n’a pas attendu de se voir décerné le Prix du Patrimoine au festival d’Angoulême*, pour se faire aimer de nombreux lecteurs français.

Muumin, Moumine ou Moomin…

Parce que le monde de Moomin, qu’on l’ai connu enfant ou bien adulte, séduit. Les analogies à la vie et aux soucis quotidiens y sont finement traitées, l’humour y est fin et l’absurde jamais bien loin.

Certains ne s’y étaient effectivement pas trompés et s’étaient déjà pris d’amitié, voire de passion, pour le monde merveilleux en tous points imaginé par Tove Jansson. Souvent, ils s’identifient à un des personnages, représentatif de leur  » moi  » intérieur, collectionnent livres et objets.

Un mouvement, très underground certes, qui peut surprendre lorsque l’on ne connais pas.

Alors, pour mieux comprendre, trois d’entre-eux expliquent ce que ce petit bout de troll et les habitants de sa vallée représente pour eux… en espérant que ça donnera à tous les autres envie de le découvrir.

Parmi les plus mordus, on trouve Delphine, libraire à Paris.

Elle a découvert Moumine (orthographe de l’époque) dans une bibliothèque de Marseille, sur les conseils d’une  » super bibliothécaire « . Une rencontre qui a définitivement changé sa vie puisqu’elle décide de devenir bibliothécaire ou libraire. Pourquoi ? Le plaisir que lui a procuré Moumine et le chapeau magique a été et reste une de ses plus belles expériences littéraires d’enfance, qu’elle a souhaité partager avec le plus grand monde. Delphine en vient même parfois à se demander comment serait le monde si les gens avaient lu Moomin, certaine qu’il serait plus drôle, plus inventif et plus humain.

Moomin est son héros, elle s’identifie complètement à Melle Snorque (son amoureuse). Le monde si intemporel de Tove Jansson l’a influencé à un tel point que régulièrement, lorsqu’elle se trouve devant une situation difficile, elle se demande comment réagirait Moomin dans la même situation, le sourire aux lèvres. Elle est aussi maman et face a une situation imprévue ou au désir d’autonomie précoce de sa fille, elle se demande comment maman Moomin prendrait la situation et affirme que c’est en général en se calquant sur son calme, son amour et sa facilité a accompagner son fiston, qu’elle avance tous les jours un peu plus en tant que mère.

Devenue adulte, Delphine a donc ouvert une librairie jeunesse, La Sardine à Lire, où l’on trouve une belle sélection de livres sur les Moomins.

Sonia est graphiste et web designer à Paris.

Originaire de Marseille, c’est à l’âge de 8-9 ans, à la recherche de livres autour de mondes imaginaires, qu’elle est tombée sur Moomin, grâce à la bibliothécaire de son quartier. Marseille aurait-il une propension plus particulière à générer des passions Moominesques ? La question mérite d’être posée, puisque après enquête, il ne s’agit pas de la même bibliothécaire !

Coup de foudre pour Sonia donc, aussi bien littéraire que visuel. Subjugée par le mélange de pureté et de gravité de ce monde poétique, parfois surréaliste, à l’air gentil et parfois inquiétant, elle se prend d’affection pour Muumin, si graphique, si gracieux avec ses petits pieds (elle le dessinait tout le temps), les hatifnates, sympas mais qui mangent tout sur leur passage ou encore la petite Muu amie fidèle, vraiment drôle, mais aussi farceuse au sale caractère. Elle apprécie particulièrement le fait que tout le monde ne soit pas noir ou blanc, et que chacun ait sa part d’ombre.Avant, cette passion, Sonia ne la partageait qu’avec sa mère, elle aussi  » mordue  » (elle est pédiatre).

C’est un jour de 1996, en faisant la rencontre d’une franco-finlandaise, que Sonia s’aperçoit qu’elles n’étaient pas seules. Aujourd’hui, Moomin est présent dans son quotidien via de nombreux objets finlandais ou japonais (ils en sont fous au Japon) : cartes postales, mugs, sets de table,… Son voyage en Finlande lui a confirmé à quel point Moomin était originaire de là-bas : la forêt, la nature, loin de toute civilisation, lui a rappelé la Vallée des Muumins, avec l’impression que des hatifnates allaient sortir du sol à tout moment…

Stéphane est éditeur, il vit et travaille à Poitiers. Aussi curieux que cela puisse paraître, c’est au Japon il y a 5 ou 6 ans qu’il découvre Moomin. Là-bas, difficile de faire 10 mètres sans en voir un en produit dérivé ou en poster, si bien qu’il l’a cru japonais. Trop jeune pour les romans Nathan et trop vieux pour les dessins animés japonais, il est passé au travers de Moomin étant enfant.

Mais, la vallée des Moomins l’a tout de suite séduit : la vie simple au contact de la nature, troublée par des événement et des personnages loufoques, protéiformes, l’apparition du surnaturel. Plutôt proche de Papa Moomin à toujours vouloir être attiré par l’ailleurs sans jamais trop bouger de sa vallée, il a une tendresse particulière pour maman Moomin, pierre angulaire de la maison sans qui tout partirait à vau-l’eau. Il apprécie particulièrement l’humour raffiné de Tove Jansson qui a su allier un dessin rond et précis à une psychologie des personnages somme toute très développée.

Les Moomins, avec leur côté « olé olé », grand enfant qui ne se prennent pas au sérieux, lui ont paru tout de suite familiers comme s’ils avaient toujours fait partie de son entourage. Fondateur du Lézard Noir / Le Petit Lézard, où il a déjà publié deux albums de strips de Moomin par Tove Jansson inédits en français (bandes-dessinées initialement publiées dans des journaux quotidiens), il est bien décidé à ne pas en rester là, pour notre plus grand plaisir !

Enfin, pour ceux qui connaîssent Hayao Miyazaki et son magnifique « Mon voisin Totoro », sachez que le grand maître du manga japonais se réclame de Tove Jansson et des Muumin, le préfacier au premier volume des strips publiés par Stéphane, Marko Turunen, se demandait même de manière un peu provocatrice si Totoro existerait sans Moomin…

Alors, si vous avez été intrigués par ces allumés de Moomin, rejoignez les en vous jetant sur les albums parus au Lézard Noir / Petit Lézard :

CATALOGUE LE PETIT LEZARD

  • Tove Jansson : Moomin et les Brigands
  • Tove Jansson : Moomin et la mer
  • Tove Jansson : Moomin et la comète
  • Tove Jansson & Sami Malila : Le livre de cuisine des Moomins, Initiation à la cuisine finlandaise (une initiation à la cuisine finlandaise, véritable institution en Finlande)
  • Juhani Tolvanen : Tove et Lars Jansson (biographie)

Une bonne adresse Moomin : La Sardine à Lire, 4 rue Collette 75017 Paris.

Par Sonia Musnier, octobre 2008, mise à jour avril 2011